Si vous vivez à Paris ou dans ses environs, il n’y a jamais eu de meilleur moment pour essayer un vélo électrique.
L’Île-de-France a lancé ce mois-ci un programme sans précédent de partage de 10 000 véhicules. Puis, quelques semaines plus tard, l’Île-de-France est revenue avec une autre offre : Toute personne de la région qui achète un vélo électrique peut bénéficier d’une réduction de 500 euros sur son prix, versée par le gouvernement régional. Si l’on ajoute à cela la subvention existante de la ville de Paris pour les vélos électriques (plafonnée à 400 euros), il est clair que le développement du vélo électrique est bien vivant dans le Grand Paris.
L’essor des politiques vertes et de la cyclabilité urbaine
Ces mesures reflètent bien plus qu’un simple enthousiasme pour le vélo. Les politiques vertes sont désormais en passe de devenir des sujets d’élection potentiels, tant dans la ville proprement dite que dans la grande zone métropolitaine qui l’entoure. Les deux gouvernements, qui rivalisent souvent de visibilité et d’influence, se disputent l’image de la ville la plus propre et la plus verte, et l’activité en faveur du vélo représente un moyen évident pour les habitants de voir les résultats.
Le lancement de Véligo, un tournant pour la mobilité électrique
Cet automne, la poussée parisienne en faveur du vélo a commencé sérieusement le 11 septembre avec le lancement du programme de vélos en libre-service Véligo par la présidente de la région Île-de-France, Valérie Pécresse. S’occupant exclusivement de vélos électriques et adoptant une approche sensiblement différente de celle des vélos en libre-service, Véligo propose ses véhicules non pas à l’heure, mais au mois.
Si l’utilisateur s’engage sur un contrat de six mois minimum, il peut louer un vélo électrique pour seulement 40 euros par mois. La moitié de cette somme peut être par l’employeur qui peut ensuite déduire sa contribution des impôts.
C’est une bonne affaire pour un véhicule qui coûte généralement plus de 1 500 euros à l’achat, et dans une ville où un abonnement mensuel aux transports publics toutes zones coûte 75,20 euros. Avec une offre de 10 000 vélos, Véligo pourrait en fin de compte servir de tremplin à la possession de vélos électriques, en encourageant les utilisateurs à acheter leur propre vélo dans le cadre du régime de subvention.
Les infrastructures et la législation cycliste en question
Concrètement, est-ce que les infrastructures sont suffisantes pour accueillir les cyclistes ? Vous connaissez le code de la route car vous utilisez certainement une voiture, une moto ou encore un scooter. Mais qu’en est-il pour les vélos ? Quels sont leurs droits et leurs devoirs ? Si vous avez le moindre doute, sachez que Ornikar vous explique tout sur les cyclistes.
Subventions et politique : la compétition pour une région plus verte
M. Pécresse a déclaré au Parisien que la subvention de l’Île-de-France s’étendrait de février à juin 2020, et peut-être plus longtemps si les fonds restent inutilisés. La région paiera jusqu’à la moitié du coût d’un vélo électrique, avec un plafond de 500 euros par personne. Les prix des vélos électriques de qualité commencent actuellement aux alentours de 1 500 euros, ce qui signifie que la subvention couvrira en pratique environ un tiers du coût, même s’il est possible que certains acheteurs économes puissent trouver quelque chose qui leur plaise pour un montant proche de 1 000 euros.
La subvention de l’Île-de-France pour les vélos électriques n’est pas sans précédent : Oslo gère un programme beaucoup plus restreint, tandis que la subvention similaire de la ville de Paris, plafonnée à 400 euros, est proposée depuis 2017. Néanmoins, le nouveau programme est d’une ampleur inhabituelle : Avec 12 millions d’euros consacrés au projet, il pourrait potentiellement aider 24 000 nouveaux vélos électriques à prendre la route. Aucun plafond n’est imposé au revenu maximal du demandeur, ce qui reflète l’importance de la pression exercée par la région pour un transfert modal significatif.
Rivalités politiques et ambitions vertes : Paris se met en selle
Ce n’est pas un hasard si Paris connaît actuellement une ruée de nouveaux programmes de vélos. Des élections sont imminentes, et bien que Pécresse et Anne Hidalgo, maire de Paris, ne se présentent pas l’un contre l’autre, chacun s’est efforcé de se présenter comme l’ami proactif du transport vert.
Jusqu’à récemment, Anne Hidalgo était pratiquement incontestée dans cette quête, se plaçant à l’avant-garde d’initiatives telles que l’interdiction des véhicules polluants et la fermeture du quai de la Seine aux voitures. Pécresse a d’abord protesté contre la fermeture des quais comme une mesure anti-superbanisation, mais elle a depuis emboîté le pas, entreprenant elle-même des politiques vertes proactives, fixant à son administration l’objectif d’augmenter l’utilisation du vélo en Île-de-France d’ici 2021.
Une compétition électorale sur fond d’écologie transport
Cette rivalité productive a même provoqué des frictions entre les plans respectifs de subvention des vélos électriques de la ville et de la région. Christophe Najdovski, secrétaire d’État aux Transports se plaint sur les médias sociaux que le plan de la région n’était pas coordonné avec les municipalités de banlieue qui sont en grande partie responsables de la politique locale de transport en commun. Il n’inciterait donc pas ces autorités à augmenter leurs propres subventions pour les vélos.
Cela a également créé une situation potentiellement délicate pour les Parisiens de la banlieue. Les habitants d’Île-de-France qui vivent en dehors de la ville de Paris pourront demander la totalité des 500 euros. Les Parisiens de l’intérieur pourraient être confrontés à quelque chose de plus bureaucratique. Demander une fois 400 euros à la ville et une autre fois 100 euros à la région.
Il n’en reste pas moins que la région parisienne au sens large fait désormais plus de place aux vélos électriques. Si le centre de Paris a des collines à ses extrémités nord et sud, l’assistance électronique au pédalage n’est pas essentielle pour le cycliste moyen. En revanche, plus loin dans la région parisienne, le paysage est plus accidenté et les distances sont plus longues. Les vélos électriques pourraient avoir un effet bien plus important en rendant le cyclisme quotidien possible et plus attrayant dans cette région, tout en encourageant les habitants à élargir l’éventail de leurs possibilitées de déplacement sur deux roues.
Le défi des infrastructures cyclables dans la grande région parisienne
Il y a encore quelques obstacles à surmonter. Actuellement, cette grande région suburbaine ne dispose pas de réseaux de pistes cyclables entièrement mis en place qui protégeraient les cyclistes et les sépareraient des voitures. L’agglomération parisienne a toutefois déjà un plan pour remédier à cette situation, qui est toutefois encore à l’étude.
Avec une réalisation complète de ce plan, le Grand Paris pourrait devenir un véritable paradis pour le cyclisme assisté. Il reste à observer si l’enthousiasme des Parisiens pour les vélos électriques leur permettra de profiter pleinement des généreux programmes à venir.