Le débat sur l’usage du vélo à assistance électrique par les séniors s’intensifie. Les recommandations d’Amsterdam pour une limite d’âge ont amplifié cette discussion. En France, les opinions divergent sur la nécessité d’un permis spécifique pour les séniors. Les associations pro-vélo expriment leurs préoccupations.
Un permis spécifique pour les séniors en vélo électrique ?
En France, le débat s’enflamme sur le permis automobile à vie, avec une visite médicale obligatoire tous les 15 ans. Pendant ce temps, aux Pays-Bas, les conseillers d’Amsterdam plaident pour une limite d’âge pour l’usage des vélos à assistance électrique (VAE), une information passée presque inaperçue.
Étonnant dans ce pays modèle du vélo ? Pas vraiment. En 2022, les Pays-Bas ont enregistré 291 décès de cyclistes, dont 150 personnes âgées de plus de 75 ans, causant une grande inquiétude. Les associations pro-vélo en France affirment qu’une telle situation n’existe pas ici. Elles craignent qu’une capacité ou un permis pour vélo électrique spécifique aux séniors ne freine l’essor de cette pratique.
Les signaux d’alerte sur la sécurité des vélos électriques en France
Toutefois, doit-on ignorer le problème ? En France, bien que l’accidentologie progresse plus lentement que l’usage, comme le montre le bilan 2023 de la sécurité routière, certains signaux sont alarmants.
Des chercheurs, Emmanuel Rio et Jérôme Dedecker, estiment dans une publication du CNRS qu’il y a eu plus de 80 décès en 2022 dus à la dangerosité du VAE. En analysant les données d’accidentologie, ils concluent à une hausse continue du nombre de cyclistes tués en VAE depuis 2016. Leur étude, réservée aux spécialistes, mérite attention. Les ventes de VAE devraient atteindre 1 million en 2025 et 2,5 millions en 2030, selon l’Union sport & cycle.
L’impact du vieillissement de la population sur la sécurité à vélo
La population vieillit, c’est un fait. Les plus de 65 ans, qui constituaient un cinquième de la population française en 2020, représenteront un quart en 2040 et près de 30 % dès 2050. La perte des facultés cognitives et de l’équilibre liée à l’âge devient un défi pour les cyclistes. Selon l’Institut néerlandais de sécurité routière (Swov), les accidents graves de cyclistes proviennent principalement d’une perte de contrôle du vélo, impliquant chaque année plus de 4 000 cyclistes de plus de 55 ans.
Le développement du vélo, combiné à la hausse des ventes de VAE et à l’intérêt des séniors pour l’assistance électrique, nécessite une anticipation. Notons que l’équipementier allemand Bosch promeut son système de freinage ABS auprès des séniors. Ce n’est sans doute pas anodin.
Le coût de l’insécurité routière : un fardeau économique majeur
Le coût de l’insécurité routière a dépassé 70 milliards d’euros en 2021, selon l’Observatoire national interministériel de la sécurité routière. En rapportant ce montant à la population (selon les méthodes de calcul recommandées par l’UE), cela équivaut à 750 € par habitant et par an, soit 3 000 € pour une famille de quatre personnes.
Pour comparaison, cette charge familiale est de 1 300 € en Suède et de 1 100 € en Norvège. Si la France atteignait le même niveau de sécurité routière que la Norvège, l’économie annuelle serait de plus de 30 milliards d’euros. Cela représente une somme bien plus importante que les 2 milliards d’euros du plan vélo et marche 2023-2027.
L’importance de la formation à vélo pour les séniors
Le passage par la case apprentissage pour les séniors n’a rien de nouveau. « Des personnes jusqu’à 80 ans viennent apprendre à rouler à vélo dans les vélos écoles, notamment sur des vélos à assistance électrique », affirme Charlotte Niewiadomski du collectif des éducateurs vélo.
Des initiatives émergent, comme le programme d’apprentissage « Ensemble à Vélo » de l’Ufolep (Union française des œuvres laïques d’éducation physique), qui s’adresse à toutes les générations. De son côté, « Sénior à vélo » porté par l’AF3V, vise à encourager des actions territoriales pour un vieillissement actif.
Une formation pour les séniors, similaire au Savoir rouler à vélo pour les jeunes, pourrait sécuriser leurs déplacements et rassurer ceux qui sont moins à l’aise sur un vélo. « Le vélo s’apprend ! », insiste Charlotte Niewiadomski. Nous pourrions ajouter que le vélo se révise aussi.