En 2024, le marché suisse du vélo traverse une crise sans précédent. Avec une baisse historique de 14 % des ventes par rapport à l’année précédente, ce secteur autrefois florissant se retrouve désormais face à de nombreux défis.
Pourquoi le marché du vélo en Suisse est-il en chute libre ?
La récession observée sur le marché du vélo en Suisse pourrait surprendre au premier abord, surtout suite au boom des années précédentes, où la pandémie avait boosté les ventes grâce à un immense engouement pour les moyens de transport individuels et écologiques. Pourtant, dès 2024, le nombre d’unités vendues s’effondre et atteint leur niveau le plus bas depuis 2017 avec seulement 341 142 vélos vendus, marquant une forte baisse comparée aux 501 828 unités de 2020.
L’une des causes principales de cette chute réside dans la fermeture de Flyer, un acteur majeur dans l’assemblage de vélos électriques en Suisse. Le concept même du vélo électrique, nécessairement pointu et répondant à un besoin urbain pressant, a été directement touché par cette fermeture. Mais cet événement n’est pas isolé ; c’est toute une série de circonstances convergentes qui a mené à cette situation critique.
Impact de la saturation du marché
Bien que certains puissent percevoir les signes d’une simple correction après plusieurs années de croissance exponentielle, la vérité est que ce ralentissement ne peut être simplement attribué à un retour à la normale. L’association Velosuisse mentionne une « phase de consolidation« , citant la saturation du marché comme facteur déterminant. En effet, après l’intense poussée de la demande due au COVID-19, de nombreux consommateurs ont déjà réalisé leurs achats importants, contribuant ainsi à stabiliser, voire diminuer, la demande actuelle.
Ce contexte a engendré une concurrence féroce parmi les marques, qui sont nombreuses à brader leurs produits pour attirer les derniers acheteurs disponibles. Ce scénario est accentué par une pression importante sur les marges de profit, provoquée par la nécessité de réduire les prix pour rester compétitif. Cette approche, cependant, impact durablement la santé financière de nombreux acteurs de l’industrie.
Les vélos électriques : victimes collatérales de la déroute
Les vélos électriques ont longtemps représenté l’espoir d’un rebond vertueux vers une mobilité urbaine plus propre et efficace. Toutefois, en 2024, ils n’échappent pas à la tempête qui ravage ce marché. Alors qu’ils avaient jusqu’ici soutenu les ventes, les modèles sportifs et urbains voient leurs parts de marché diminuer respectivement de 10 % et 13 %.
Ces vélos ont semblé incarner de solides alternatives à la voiture ces dernières années, offrant vitesse et praticité pour les trajets quotidiens. Néanmoins, l’enthousiasme pour les speed pedelecs s’est considérablement ralenti, affichant une réduction dramatique de 21 %. Derrière ces chiffres rudes se cache un enjeu central : si le produit semble toujours séduisant sur le papier, son prix reste élevé pour beaucoup de foyers économiquement sensibles.
Tout n’est pas sombre pour autant. Trois segments tirent leur épingle du jeu :
- Les e-gravel : Ces vélos électriques tout-terrain connaissent une demande croissante, notamment auprès des amateurs de longues distances et de terrains variés.
- Les e-road : Les vélos de route électriques continuent de séduire, en particulier pour les cyclistes à la recherche d’une assistance pour les trajets longs et exigeants.
- Les cargo bike électriques : Les vélos-cargos électriques, prisés pour les livraisons urbaines et les familles, connaissent une forte adoption en raison de leur praticité et de leur caractère écologique.
Climat économique et volatilité des consommateurs
D’autres facteurs doivent être considérés pour expliquer ce revirement. Si on peut accuser la météo de printemps défavorable ou le moral des consommateurs vacillant face à l’incertitude économique, ces éléments seuls ne sauraient justifier un tel bouleversement. Une étude approfondie doit aussi prendre en compte comment la bulle spéculative constituée autour des vélos électriques a contribué à son éclatement rapide.
Avec un public qui se montre particulièrement exigeant quant aux caractéristiques et l’innovation proposées par les vélos modernes, seule une réelle différenciation pourra espérer relancer l’intérêt collectif pour ces véhicules tant vantés. Cependant, cela nécessite non seulement une revalorisation du produit mais aussi des investissements stratégiques constants des entreprises concernées, souvent fortement endettées sur des stocks trop pleins.
Quelle stratégie pour relancer le marché ?
Face à cette crise évidente, le futur du marché du vélo en Suisse se dessine autour d’une question cruciale : comment opérer une transition positive pour stimuler de nouveau l’industrie du cycle ? Reprendre le chemin de la croissance demandera des décisions réfléchies, parfois audacieuses, conjuguant innovations technologiques, marketing pertinent et soutien logistique renforcé.
Tout d’abord, développer fortement les infrastructures cyclables, notamment dans les villes, représente un axe crucial à part entière. En rendant les trajets plus sûrs et attrayants, ces aménagements urbains pourraient faire évoluer notablement la perception du grand public par rapport à la mobilité douce. C’est véritablement un facteur-clé qui rechercherait la sensibilité collective pour galvaniser les initiatives nouvelles.
Cap sur le recyclage et l’entretien
Parallèlement, s’attarder sur l’entretien qualitatif, voire offrir des programmes de formation afin de soutenir l’après-vente s’impose comme choix stratégique. La création d’une offre crédible en termes de location ou de reconditionnement permettrait également d’ouvrir de nouvelles voies au secteur.
Mieux encore, reconquérir les utilisateurs passés et potentiels via la diffusion de vélos reconditionnés de qualité favoriserait l’économie circulaire et pérenniserait l’engagement environnemental de la population suisse. Cette dynamique participative pourrait générer à moyen-long terme volume et satisfaction clients, redressant ainsi progressivement les courbes venteuses.
Investir dans l’avenir et dynamiser le présent
Enfin, pour ceux qui restent fidèles au vélo ou envisagent de sauter le pas, le moment serait idéal pour profiter des remises intéressantes sans compromettre sur la qualité. Effectivement, l’offre excédentaire induit une baisse globale des prix et constitue une opportunité inestimable pour acquérir de nouveaux équipements performants.
N’oublions pas les collectivités et décideurs publics : il s’avère crucial de capitaliser sur l’élan initié durant la pandémie afin d’institutionnaliser une véritable culture favorisant les déplacements doux. La mobilisation systématique de tous les leviers d’action collectifs permettra non seulement de renverser la tendance actuelle mais aussi de créer durablement des écosystèmes propices au développement harmonieux du vélo sous toutes ses formes possibles.
Le déclin du marché du vélo en Suisse met en exergue combien coexistent de nombreux défis pour une filière malmenée cherchant soi-même transformation et régénérescence. Ensemble, cherchons la solution optimale permettant de restaurer enthousiasme et confiance au sein de ce secteur prometteur comme jamais.